L'invité de RTL Nicolas Dupont-Aignan

Publié le par DLR Lorraine

RTL2007




08/01/2007 - 09h44 - Jean-Michel Aphatie





Le député "souverainiste" était l'invité de RTL lundi matin. Il veut jouer les trouble-fête au congrès de l'UMP, qui officialisera dimanche prochain la candidature de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle. Il affirme avoir recueilli à ce jour 350 promesses de parrainages d'élus locaux sur les 500 nécessaires.

- Jean Michel Aphatie : Bonjour Nicolas Dupont-Aignan.

Nicolas Dupont-Aignan : Bonjour Jean Michel Aphatie.

- Vous êtes député UMP. Vous avez 45 ans. Vous voulez être candidat à l'élection présidentielle. Vous aurez les signatures pour l'être, Nicolas Dupont-Aignan ?

Oui, j'approche : 350.

- Ah, il en manque encore 150 !

Oui, mais je les aurai parce que justement, je crois que les maires comme beaucoup de Français, sont exaspérés par ce duel médiatique de show biz qu'on veut nous imposer entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

- Il n'est que médiatique ?... Les deux représentent deux grands partis qui gouvernent la France depuis l'après-guerre ?

Eh bien justement avec les résultats que l'on sait des deux côtés ; et avec une lassitude, non pas bien sûr qu'ils présentent leur projet. Chacun est libre et ils représentent de grands partis. Mais ils n'ont peut-être pas le droit, entre guillemets -et les Français sont lassés de ce quasi monopole sur la vie politique française et ils veulent peut-être aussi avoir un premier tour de scrutin. Il y a deux tours à l'élection présidentielle : un premier tour pour un débat avec d'autres candidats, d'autres idées pour justement résoudre les problèmes des Français et pas simplement inventer des mots sur la Muraille de Chine comme on l'a vu ce week end.

- Vous avez dit dans votre recherche de signatures et de parrainages, que les maires, je vous cite, "les maires subissent des pressions".

Oui, parce que...

- Beaucoup de responsables politiques le disent mais de manière vague et générale. Ils racontent avec une anecdote précise...

... Parce que, figurez-vous, que quelqu'un qui reçoit une pression, ne va pas le dire en général. ... c'est une espèce d'autocensure.

- Quand vous parlez de pression, vous avez rencontré les maires...

La pression, c'est de dire : "Si tu parraines X ou Y, fais attention, tes électeurs t'en voudront". Et puis, l'investiture... Et puis, la subvention du Conseil général. C'est un espèce de pression générale qui est insupportable, parce que si on veut que le président élu en 2007 ait la légitimité pour gouverner, et la France aura des réformes considérables à faire, eh bien il faut peut-être qu'il soit élu après une vraie élection, ce que j'appelle, c'est-à-dire un vrai débat, et pas simplement ce qu'on voit. Et tous les Français voient ce qui se passe aujourd'hui.

- Vous serez, le 14 janvier, au congrès qui va investir Nicolas Sarkozy. Vous êtes membre de l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan.

Ecoutez, au départ, j'avais pensé ne pas y aller. Et puis, finalement, je me suis dit que dans la vie, il faut regarder les gens en face et il ne faut pas se dérober. Donc, j'ai écrit, hier soir, à Nicolas Sarkozy pour lui demander deux minutes de temps parole, pour expliquer pourquoi en tant que Gaulliste, en tant que Républicain, je ne peux pas suivre son projet, et pourquoi j'en proposerai un autre aux Français et quelles conséquences j'en tirerai.

- Et vous allez exposer ça en deux minutes.

Eh bien vous savez, parler de l'indépendance de la France, parler de l'Europe qui ne fonctionne pas et qu'on veut nous réimposer puisque Nicolas Sarkozy a très clairement dit qu'il voulait faire revoter une mini-Constitution européenne par le Parlement après 2007, c'est-à-dire s'asseoir sur le vote des Français de 2005 sur la Constitution européenne, parler du nécessaire effort pour redresser notre pays et pas de ces promesses catégorielles qui se multiplient de tous les grands candidats qui s'agitent là, - c'est peut-être la période des soldes ! Je crois qu'on peut le dire très simplement, très franchement.

- Et si vous n'avez pas cet accord pour les deux minutes de prise de parole, vous n'irez pas ?

Je n'irai pas.

- Vous y allez pour parler et pas pour regarder.

A partir du moment où je suis un responsable... Parce que j'ai été élu...

- Pourquoi vous êtes membre de l'UMP encore ? Qu'est-ce qui vous retient dans ce Parti ?

Eh bien, écoutez, vous verrez le 14. Si je veux parler c'est parce que je veux dire des choses et je le dirai en premier aux militants de l'UMP.

- Et si vous ne pouvez pas le dire ?

Non, je vous le dirai le 14. Vous verrez. Vous pouvez attendre une semaine.

- Vous me le direz, le 14, à moi ?


Non, aux militants de l'UMP, d'abord, parce que c'est ma famille d'origine. Et qu'à partir du moment où ma famille d'origine dérive vers un projet politique que je ne crois pas bon pour mon pays, il est normal que j'aille leur dire en face.

- Jean Louis Debré, à votre place sur RTL vendredi... Dominique de Villepin, hier sur Canal +. On dit tous les deux qu'ils ne voteraient pas pour Nicolas Sarkozy. On a l'impression que la machine à perdre à Droite - vous appartenez à ce camp tout de même - est en route... que pour des gens, c'est important que Nicolas Sarkozy ne soit pas élu.

Mais c'est pas la question de Nicolas Sarkozy ou pas Nicolas Sarkozy... C'est la question des orientations politiques. Qui alimente la machine à perdre ? Quand Nicolas Sarkozy va à Washington pour dire "La politique française sur l'Irak était arrogante", alors même que c'est un fiasco complet la politique de George Bush. Quand Nicolas Sarkozy va faire sa génuflexion devant Baroso pour dire : "Je vais faire revoter la Constitution européenne". Qui alimente la machine à perdre ? Quand on propose la discrimination positive. Moi, je crois qu'on ne parle pas des personnes.

Je n'ai rien contre Nicolas Sarkozy qui a du courage, qui est quelqu'un qui a fait des choses. Je dis simplement que pour rassembler les Français, il faut rassembler son camp politique et il faut parler du fond des problèmes des Français et définir une orientation politique qui, je crois, soit pertinente. Or, elle ne l'est pas. Et les Républicains, les Gaullistes ne se sentent pas représentés par Nicolas Sarkozy. C'est un fait. Je ne suis pas le seul. Quand je le disais, on me disait que j'étais un minoritaire, un truglion. Aujourd'hui, le Premier ministre, le président de l'Assemblée nationale, Michèle Alliot-Marie... Donc, il se passe quand même quelque chose. Moi, je défends un projet politique parce que je veux qu'on traite les problèmes des Français à la source.

- Mais s'il est au second tour, Nicolas Sarkozy sera votre candidat ?

On verra. Comment voulez-vous savoir qui sera au second tour ?

- Non, je vous dis : "S'il" est au second tour, ce sera votre candidat ?

Eh bien, je répondrai le moment venu en fonction du projet...

- D'accord...

... en fonction des propositions.

- Vous êtes député ?

Je suis député.

- Vous serez saisi prochainement, dans les jours qui viennent, d'un projet de loi gouvernemental sur le droit opposable au Logement. Le voterez-vous Nicolas Dupont-Aignan ?

Tout dépend de ce qu'il y a dedans.

- Sur le principe ?

Sur le principe, je ne suis pas totalement hostile, mais sous conditions parce qu'écoutez, soyons clairs : on prend les Français pour des imbéciles. Est-ce qu'on croit sérieusement que d'un coup de baguette magique, on va pouvoir offrir un logement à tous les Français qui le demandent, sans parler des Irréguliers puisqu'il y a un tiers d'Irréguliers qui sont sous les tentes. Tout ça n'est pas sérieux. Alors, oui y'a un problème de logement mais le problème du logement, c'est le problème du prix du mètre carré, c'est le problème de la spéculation immobilière. C'est l'insuffisance de construction, même si le gouvernement a bien commencé. Et puis, je crois qu'au niveau local, on peut faire des choses. Moi dans ma commune, j'ai créé une société d'économie mixte. On a construit 200 logements. 200 logements HLM. On maîtrise les attributions. On fait un vrai boulot mais ça, personne n'en parle.

- Vous n'avez pas envie de le voter ce projet de loi ? C'est simple, pour parler clair...

Je me méfie de cette agitation médiatique, et j'en ai assez de tous ces droits qu'on ajoute sans parler du devoir de citoyens. Alors oui, il faut traiter le problème du logement. Oui, il faut permettre à des millions de Français de devenir propriétaire pour libérer les logements sociaux. Oui, il faut construire davantage de logements sociaux. Mais arrêtons cette démagogie générale.

- Vous êtes député, Nicolas Dupont-Aignan. Est-ce que vous voterez le statut pénal du chef de l'Etat qui vous sera soumis dans quelques jours ?

Oui.

- Et vous êtes aussi, sans doute, saisi, enfin vous devrez voter ou pas voter l'introduction dans la Constitution de la suppression de la peine de mort...

Oui, je la voterai. Mais pardonnez-moi, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup d'effets de manche dans tout ça parce que moi, ce qui m'intéresse aujourd'hui ce sont les délocalisations. C'est l'euro qui après avoir vidé nos porte-monnaie pendant cinq ans, est en train de tuer nos emplois et notre industrie. C'est la situation du monde rural qui est catastrophique, avec une Politique agricole commune qui va être réformée. Personne ne sait ce qui va se passer. C'est le statut de la Poste qui est en train d'être négocié à Bruxelles et on est en train de supprimer nos bureaux de Poste dans nos campagnes. Voilà ce qui m'intéresse.

- On ne peut pas dire que vous soyez optimiste en ce début d'année !

Je ne suis pas optimiste parce qu'on est en train de cacher aux Français les vrais enjeux. Je relisais un sondage très récemment qui disait : la construction européenne n'intéresse que 5% des Français pour l'élection présidentielle. Et en premier : Pouvoir d'achat - Emploi. Mais les deux sont liés. Et les deux grands partis qui ne veulent pas toucher à cette construction européenne dans la manière dont elle est construite, bien évidemment cache ces enjeux-là. Moi je veux mettre ces enjeux sur la table des présidentielles pour essayer d'apporter des solutions à mon pays.

- Nicolas Dupont-Aignan, futur candidat peut-être à la présidence de la République, était l'invité d'RTL ce matin.

Probablement.

- Probablement. Bonne journée.


 

Publié dans dlrlorraine

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